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Marie Louise Rochebillard
Marie Louise Rochebillard
Nous nous proposons dans cette note de retracer le parcours de cette femme exceptionnelle qui a consacrée entièrement sa vie au service des femmes obligée de travailler pour vivre à la fin du XIXe siècle. Nous verrons dans un premier temps, l’origine roannaise de ses parents. Nous expliquerons ensuite comment elle est devenue une pionnière du syndicalisme féminin, puis nous survolerons toute son œuvre au service des « femmes isolées »
Comment Marie-Louise issue du milieu des notables s'immerge dans le monde ouvrier
C’est le 4 juin 1860 à neuf heures du matin naissait à Changy Marie-Louise Rochebillard où son père exerça son métier de notaire à Changy entre 1848 et 1862. Les parents de Marie-Louise sont nés à Roanne, leur père Jean-Claude, né le 5 mars 1818 et décédé le 8 mars 1868 à Roanne, leur mère Léonie Dépalle est née le 26 août 1829 et décédée en 1893 à Roanne. Jean-Claude Rochebillard est probablement retourné vivre à Roanne avec sa famille à partir de 1863.
Côté paternel, le grand père paternel Joseph est né le 22 août 1776 à Saint-Symphorien-de-Lay et il est décédé le 1er février 1820 à Roanne. Postillon de poste, il s’est marié avec Benoîte Thélis, née à Cordelle, décédée le 26 mars 1870 à Roanne.
Côté maternel, le grand père Jacques Dépalle, né le 28 décembre 1786 à Arfeuilles, décédé le 6 mai 1864 à Roanne, était marchand de lin et la grand-mère, Fleurie Jeunet est née à Régny en 1785, décédée à Roanne en 1863. Jacques Dépalle originaire d’Arfeuilles avait peut-être un lien de parenté avec … Dépalle qui fut sabotier dans notre commune de Changy ?
Les tables de recensement de la commune (1851, 1856, 1861) nous indiquent que la famille habitait le bourg dans la « Grande Rue ».
Marie Louise Rochebillard est la cinquième d’une fratrie de neuf enfants. L’aîné, Jacques Noël, né à Changy le 28 décembre 1850 fit une belle carrière militaire, et nous lui consacrerons un prochain article. Seuls les trois derniers enfants de Jean-Claude et Léonie ne sont pas nés à Changy, mais à Roanne, Bénédicte Sébastienne née en 1865, Joseph Jean né en 1866 et Jeanne Léonie née en 1868. De sa naissance en 1860 à 1862, le séjour à Changy de Marie-Louise semble donc assez bref, ce qui pourrait expliquer pourquoi Alphonse Bregou lors de son enquête sur Marie-Louise pour publier « Une catholique sociale : Marie-Louise Rochebillard » n’a trouvé personne qui ait conservé le souvenir de Mlle Rochebillard et de sa famille lorsqu’il s’est rendu à Changy pour trouver l’extrait de l’acte de naissance que monsieur le Maire de Changy a bien voulu lui communiquer. Qu’aucun Changynois n’ai de souvenir de Marie-Louise semble normal, mais de sa famille qui a vécu au moins quatorze ans est plus étonnant !
Alphonse Bregou nous apprend aussi que d’après un article paru en 1904 dans la revue L’action populaire que « des revers de fortune obligèrent Marie-Louise à travailler pour vivre ». Sa famille avait quitté Changy pour s’installer d’abord à Roanne puis à Lyon suite au décès prématuré du chef de famille en 1868. Dans un article de la même année on apprend que « de 16 à 38 ans, avec une interruption d’un an seulement, Marie-Louise a eu le grand honneur de travailler pour vivre ». Elevée dans l’aisance et le bien être, elle fut contrainte de trouver du travail dès l’âge de 16 ans, suite au problème financier de sa famille. Quelles sont les raisons qui la poussèrent à quitter son emploi pour se consacrer entièrement au service des autres ? Elle nous l’apprend elle-même : « Lorsque j’ai commencé à travailler pour vivre, j’eus une véritable lutte à soutenir contre moi-même d’autant plus que l’étude m’attirait beaucoup plus que le travail matériel. J’eus à lutter contre certains préjugés mais je trouvais le travail si noble et si belle chose que je triomphais de tout et je m’y suis donnée de toute mon âme ». De 16 à 38 ans, on ne connaît pas précisément l’emploi qu’elle va occuper pendant les vingt-deux années, mais on sait qu’elle prit la présidence d’un syndicat de dames employées et qu’e1le était familière des milieux hospitaliers de la région lyonnaise.
Marie-Louise et son engagement militant auprès des ouvrières lyonnaises.
C’est en prenant connaissance vers 1895 de l’encyclique Rerum Novarum sur la condition des ouvriers, promulguée en 1891 par le pape Léon XIII, qu’elle fut convaincue de la nécessité de quitter son activité de travailleuse pour prendre celle de militante. Elle déclare : « Toutefois, de bonne heure je fus frappée de deux faits : d’une part la situation difficile isolée, pour ne pas dire abandonnée de la femme obligée de travailler pour vivre et d’autre part, le nombre de plus en plus grandissant des femmes demandant à l’industrie ou au commerce le pain quotidien ». À Lyon les mouvements sociaux féminins se traduisirent par la grève des ovalistes, ouvrières de la soie, en 1869 ; Marie Louise n’avait que 9 ans.
Ce n’est que bien plus tard, que ses envies de militantisme prennent forme. Elle nous raconte que le curé de Saint Nizier, un ami de la famille, l’apitoya sur la condition pitoyable de certaines de ses paroissiennes : « On s’occupe, lui disait-il, des jeunes femmes et des jeunes filles du monde, mais on néglige les travailleuses. N’y aurait-il pas moyen de faire quelque chose pour elles ? ». Elle quitta ainsi son emploi salarié pour se consacrer entièrement à ce qu’elle considérait comme son œuvre.
Hors à cette époque la loi dite Waldeck Rousseau du 21 mars 1884 autorisait la création des syndicats en France. C’est l’option qu’a choisit Marie-Louise bien que les catholiques sociaux auraient préféré la remise en vigueur des corporations. Estimant que les femmes doivent bien souvent travailler pour vivre, selon sa propre expression, elle revendique la liberté de travail, liberté pour les travailleuses de vivre dans la dignité et de se défendre. Et cette liberté, c’est le syndicat qui lui paraît le mieux à même de la défendre. Elle décida donc de créer des syndicats féminins malgré les obstacles qui n’allaient pas manquer de se dresser sur sa route. Elle en avait parfaitement conscience : « Le seul mot de syndicat portait ombrage », écrivait-elle en 1904. Ce fut rude, le mot syndicat étant, paraît-il, tout à fait anormal dans l’application, pour de simples femmes ! Elle possédait très certainement un caractère hors du commun et elle savait ce qu’elle voulait et, dit-elle, « puisque le vent poussait au syndicat, nous lui avons ouvert la voile mais avec la ferme volonté de diriger la barque afin de ne pas errer aux quatre coins de la mer ».
En 1899, Marie-Louise Rochebillard a trente-neuf ans, c’est une femme prématurément vieillie et malade, mais elle possède encore une énergie peu commune qu’elle va mettre au service d’une cause à laquelle elle souscrit totalement : l’organisation professionnelle des travailleuses. Elle désire pallier les défaillances des syndicats masculins, indifférents aux dures conditions de travail des femmes. Elle conteste les moyens d’action brutaux des syndicats d’hommes et entend se servir des groupements d’ouvrières comme d’un moyen d’entente sociale. Elle voulait que le syndicat « donne à un certain nombre de veuves, de femmes mariées, de filles jeunes ou vieilles leur part de “soleil moral” et les vertus qu’il fait éclore »
Cependant, avant qu’elle ne fonde ses syndicats féminins, on est en droit de penser que des contacts préalables eurent lieu avec les hommes responsables de mouvements de même inspiration, Dans son livre Cinquante années de syndicalisme chrétien, Jules Zirnheld écrit : « En 1899 les dirigeants du syndicat des employés du commerce et de l’industrie aidèrent Mlle Rochebillard à créer à Lyon les premiers syndicats féminins chrétiens. ». Elle fut aussi soutenue par l’un de ses frères, Joseph Jean qui l’aida moralement et pécuniairement.
Douze ans après la création, à Paris, du Syndicat des employés du commerce et de l’industrie (SECI), une organisation catholique fondée pour regrouper les employés mais sans qu’il n’ait jamais été question d’y intégrer les travailleuses, et huit ans après la parution de l’encyclique du pape Léon XIII, Marie-Louise Rochebillard fonde en 1899, malgré les difficultés, deux syndicats féminins :
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- le syndicat des dames employées du commerce dont elle prit la présidence,
- le syndicat des ouvrières de l’aiguille lyonnaise dont la présidente fut Mlle Cécile Desvignes.
Plus tard dans sa carrière, Marie-Louise Rochebillard a fondé un troisième syndicat :
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- le syndicat des ouvrières de la soie avec Mlle Claudine Valluy comme présidente.
Tous ces syndicats avaient des statuts identiques et leur siège social était installé au 13 rue Sainte-Catherine à Lyon.
Respectant les textes officiels de la loi de 1884, elle a su apposer sa marque personnelle et n’a pas suivi la règle commune habituelle des syndicats existants. Généralement un syndicat, comme celui du SECI parisien fondé de 1887 par exemple, est dirigé par un conseil syndical dont les membres sont élus par les militants convoqués en assemblée générale. Au sein du conseil sont choisis les membres du bureau composé au moins d’un président, d’un secrétaire général et d’un trésorier. Mlle Rochebillard n’a pas suivi cette règle habituelle. Elle s’en explique : « Le syndicat est administré et dirigé par le conseil syndical nommé en assemblée générale. Toutefois, le tiers des membres du conseil a été élu par les fondatrices du syndicat. Ce premier groupe n’est pas soumis à la réélection afin d’assurer la stabilité de la corporation ». De plus, dans l’article 7 des statuts nous trouvons le texte suivant: « Le second groupe du conseil syndical, soumis à la réélection, est élu sur une liste dressée par le premier groupe et contenant deux fois plus de noms au moins qu’il y a de noms à élire. ». Quant aux membres du bureau, elles sont élues par le conseil syndical à la majorité des voix. Elle écrit, d’ailleurs, dans l’article Syndicats d’ouvrières lyonnaises qu’elle donna en 1904 à la revue L’Action populaire : « Le caractère distinctif, si j’ose m’exprimer ainsi, de nos statuts est le recrutement du Conseil pour assurer la stabilité de l’organisation et le taux réduit de la cotisation pour permettre aux plus humbles travailleuses de s’y inscrire. ». Plus tard, lors de la remise d’un prix elle dira en parlant de ses syndicats : « Une forte hiérarchie les gouverne, sans quoi l’école de la liberté deviendrait, chez les femmes surtout, l’école de l’anarchie »
On trouve aussi une autre originalité dans l’article 2 qui prévoit que le syndicat doit à la fois offrir à ses membres la protection de leurs intérêts mais aussi des cours professionnels et des institutions de prévoyance et d’assistance.
Article 2 — Le syndicat des dames employées du commerce a pour but :
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- Le progrès de ses adhérentes par la création de cours professionnels (comptabilité, sténographie, dactylographie, langues étrangères, etc.).
- L’amélioration de sort de ses membres pour la protection des intérêts des adhérentes.
- La création d’offices de renseignements et de bureaux de placement pour satisfaire aux offres et aux demandes de travail.
- L’organisation d’institutions de prévoyance et d’assistance.
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Après les particularités tenant à l’administration du syndicat, nous devons aussi mentionner le problème de la cotisation. La cotisation dont les militantes étaient redevables à leur trésorière correspondait à peine à la moitié de celle que devaient verser leurs homologues au syndicat SECI à Paris.
Des objections durent s’élever au regard de cette façon bien peu démocratique de constituer le conseil syndical des « dames employées du commerce » et des « ouvrières de l’aiguille 1yonnaise ». Et pour cause, son féminisme qualifié d’emblée de réactionnaire et entaché de cléricalisme a agacé davantage qu’elle n’a séduit. Marie-Louise ne le cache pas, ... nous l’écoutons :« Je n’entrerai pas dans vos syndicats, disait-on en prenant connaissance des statuts, car le passage visant le recrutement du conseil ne laisse pas assez de place à l’ambition ». Elle recherchait avant tout la stabilité du pouvoir pour faire quelque chose de durable. De plus, elle refusa toute idée de collaboration de classe. Aucune dame de la bonne société n’y eut un pouvoir de décision, aucun patron ne put y exercer une influence quelconque. Cette ferme séparation entre le milieu syndical ouvrier et le milieu patronal lui valut aussi l’hostilité de nombreux directeurs d’usines. De plus, malgré leur impact modeste dans l'histoire sociale de cette époque, les syndicats féminins qu’elle à fondés ont joué un rôle non négligeable dans la formation de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) en 1919.
L’implication de Marie-Louise dans des services annexes aux syndicats
En plus des syndicats proprement dits, Marie-Louise pense à créer un certain nombre de services destiné à améliorer la vie des ouvrières et le bon fonctionnement des syndicats. Un ensemble d’institutions annexes fut mis en place autour de ces deux syndicats, notamment un bureau de placement, une société de secours mutuels, une maison de repos et une maison de retraite, mise en place de consultations juridiques gratuites et l’assistance judiciaire en cas de besoin. Ce programme ambitieux a exigé un travail incessant de la part de Mlle Rochebillard et des femmes qui l’entourent.
Dans le même temps, elle a ouvert des cours professionnels, dispensés les soirs de la semaine et les dimanches. Un des buts de ces cours est de forger l’élite syndicale qui doit encadrer et soutenir les travailleuses Mais ils doivent également promouvoir la réconciliation entre les classes. En effet, si les cours s’adressent aux travailleuses, les professeurs sont recrutés dans le milieu des notables catholiques lyonnais. Ils se déroulaient dans des locaux situés dans les quartiers populaires de Lyon afin d'éviter aux travailleuses les longs trajets jusqu'au centre-ville. On dispensait dans ces cours deux sortes de formation. L’une destinée aux employées : calcul, comptabilité, sténographie. L’autre dispensée aux ouvrières de l’habillement, comme le dessin, la coupe et la broderie. Il faut ajouter à cette liste les cours de musique et de chant : des cours de piano furent offerts gratuitement par les syndicats féminins lyonnais aux jeunes travailleuses. Il y eut aussi une bibliothèque, ouverte gratuitement aux adhérentes.Dès 1900, l’enseignement « ménager », faisait partie de la liste des cours professionnels. Prenant en compte le fait qu’une mère de famille, qui, trop souvent, travaille et ne peut pas transmettre à ses filles son expérience culinaire Marie-Louise publie en 1902 un «.programme des écoles ménagères ». L’enseignement à la fois théorique et pratique est très varié : hygiène, alimentation rationnelle, couture, repassage, etc... Pour l’organisation des cours professionnels, elle va multiplier les conférences et les rencontres afin de recruter des jeunes filles de la bourgeoisie lyonnaise à titre d’enseignantes pour ses cours, ou de bénévoles pour les services qu’elle mettra sur pied.
À l’époque, la sécurité sociale n’existait pas. La maladie devenait une véritable catastrophe pour l’ouvrière qui vivait au jour le jour, ne disposant d’aucune réserve il fallait créer une institution « d’économie et de prévoyance », ce que fit Marie-Louise. Pour un taux modique de cotisation mensuelle (1,25 F), les syndiquées avaient droit en cas de maladie :
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- aux soins gratuits du médecin,
- au remboursement à 50% des remèdes,
- à une indemnité journalière de 1 F (pendant les trois premiers mois et de 0,50 F pendant les trois autres mois).
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En 1903, un sanatorium fut installé au Mont-Dore pour les membres des syndicats.
Aux services proprement dits, il faut ajouter la publication du journal des organisations, et son annexe, L’Enseignement professionnel et ménager dont elle fut, dès le départ, la rédactrice en chef. L’édition du journal est assurée par l’imprimerie syndicale. En 1904, Le bulletin intitulé Travail de la femme et de la jeune fille fut tiré à deux mille exemplaires.
Marie-Louise Rochebillard ne limita pas son activité à la ville de Lyon. Elle-même écrit en 1904 : « Les syndicats lyonnais ont déjà propagé leurs idées par des conférences et par des créations à Aix, Besançon, Marseille, Reims, Moulins, Roanne, Paris, Saint-Etienne, etc., etc. Journellement des demandes leur arrivent de tous les points de France pour l’organisation de Syndicats féminins. ». À titre d'illustration, les premiers fondés à Aix-en-Provence le furent grâce à l’intervention de Marie-Louise : le syndicat de l’aiguille aixoise , le syndicat des dames employées de commerce ; en 1903, Marie-Louise aidait à la création de deux syndicats marseillais : les employées marseillaises, les ouvrières de l’habillement. La même année deux Syndicats voyaient le jour à Saint-Etienne, celui de la soie et celui de l’aiguille stéphanoise, grâce à l’aide de Mlle Rochebillard.
Pendant la Première Guerre mondiale, Marie-Louise est devenue directrice de l’hôpital auxiliaire La Ferrandière. Un lieu qu’elle avait acquis en 1913 pour accueillir les jeunes travailleuses ne disposant pas d’un salaire suffisant pour se loger dignement.
Après la guerre, l’Œuvre du « Bon Abri » (aux missions d’accueil de jeunes filles isolées) renoue avec la vocation première du lieu dont elle est toujours directrice.
À gauche, Marie-Louise Rochebillard à l'Hôpital "Le bon abri" à Lyon
Au travers des derniers numéros du journal de 1921 Le Travail de la femme et de la jeune fille, traitant de l’œuvre du « Bon Abri », on constate que forces abandonnent peu à peu la militante courageuse du début du siècle il est possible que la maladie ait déjà frappé à sa porte. En tout cas, Marie-Louise baisse les bras. Par la plaquette La Ferrandière — Un centenaire 1838-1938, nous apprenons en effet que l’Œuvre fut transformée en centre anti-cancéreux en 1925. Onze ans après, c’était le 30 janvier 1936, elle nous quittait, âgée de 76 ans ; sa tombe se trouve à Roanne.
Caveau familial à Roanne
La reconnaissance de son œuvre
Les cours professionnels représentent sans aucun doute sa plus grande réussite. Cela étant dit, en 1910, sur le rapport de M. d’Haussonville, l'Académie des sciences morale et politique décerne à Marie Louise Rochebillard le prix Tanesse pour la fondation de trois syndicats féminins à Lyon ; ce prix triennal était destiné à la personne ayant, dans les trois dernières années précédant le concours, le plus contribué à améliorer la condition de la femme. En se consacrant totalement à l’amélioration des conditions du travail des femmes, elle eut aussi à défendre l’honneur de sa famille. Peu après sa reconnaissance par l’académie, elle eut à se plaindre publiquement des informations inexactes du rapport de M. Lavedan de son défunt père mentionnant en particulier que c’était « un notaire mort en ne léguant que des dettes ». Mais pas du tout, pas du tout ! Aucune dette, pas la moindre. Rien que des souvenirs d’honneur, de loyauté, de droiture …protesta-t-elle. L’orateur a alors promis de modifier le texte officiel de son rapport. Marie-Louise ajoute à toutes les vertus, pour lesquelles l’Académie la récompensa, la vertu Familiale. L’année suivante l’Académie Française lui décerne le prix Honoré de Sussy (« prix de vertu ») pour son œuvre Travail de la femme et de la jeune fille.
Mises à part ces récompenses, ce n’est que plus de 70 ans après sa disparition que la ville de Lyon l’a reconnue. Le 5 mars 2008 qu’une plaque commémorative pour son action syndicale a été apposée au 13 rue Sainte-Catherine dans le 1erarrondissement de Lyon.
Plaque commémorative du 13 Rue Sainte-Catherine
Et dans le 2ème arrondissement, une allée a été nommée à son nom dans le quartier Confluence.
Allée Marie-Louise Rochebillard
Si on explore la littérature consacrée au mouvement féministe à la fin du XIXe siècle, il faut constater que le nom de Rochebillard n’a guère retenu l’attention. Et pour cause : son féminisme qualifié d’emblée de réactionnaire et entaché de cléricalisme. Issue de la petite bourgeoisie, Marie-Louise Rochebillard n'a jamais rompu totalement avec sa culture d'origine, ce qui explique qu'elle n'ait pas pu échapper totalement à la figure traditionnelle de la dame patronnesse issue du milieu des notables catholiques. Elle est resté pratiquement absente de la littérature féministe pourtant dès son premier bulletin, Le travail des femmes et des jeunes filles, elle avait écrit en 1901 : « L’heure de la femme a sonné ». Méconnue des cercles féministes, l’œuvre de Mlle Rochebillard mise au service des plus pauvres et « isolées n’en demeure pas moins exemplaire.
Changy pourrait, sans doute, lui rendre hommage en apposant une plaque commémorative sur son lieu de naissance.
C.R.A.B.D. (Collectif Christian-René-AlainBernard-Dominique)