Les lavoirs à Changy

Cet article fait suite à notre dernière publication « Lavoirs et lavandières de Changy ». Dans cette publication nous étions essentiellement intéressés à l’utilité de ces lavoirs et aux femmes qui les fréquentaient. Dans cet article nous nous intéresserons aux lavoirs proprement dit. Dans l’état de nos recherches nous avons identifié quelques points d’eau situés sur la commune qui servaient à laver le linge à une époque où le réseau de distribution qui amène l'eau aux consommateurs de la commune n’était pas installé.

Rappelons d’abord qu’à l'origine, le lavoir n’était composé que d’une pierre plate ou d’une simple planche posée au bord d'un cours d'eau, d'une mare ou d'une source, sans abri. C’est le cas des bassins situés aux Merles, à la Varenne à Mariolle ou au Pisserot de Fenouille et aussi à Rébrun avant la construction d’un ouvrage construit en 1951.

La pollution due à la révolution industrielle, les épidémies puis l'hygiénisme entraînent le développement de constructions spécifiques à la fin du XVIIIe siècle qui voit les communes se munir de bâtis situés au bas d'une prairie, en contrebas d'une source ou d'une fontaine, en bordure d'un ruisseau, d'un canal, d'une rivière ou d'un fleuve où peut être amarré un bateau-lavoir. Nous avons ainsi répertoriés sur la commune trois de ces ouvrages à savoir le lavoir du château, le lavoir de Rébrun et le lavoir public de Changy que nous avions déjà évoqué dans notre précédente publication.

Trois seulement font l’objet de constructions abritées : lavoir de Rébrun, lavoir du Château et le lavoir Public. Les autres lavoirs que nous avons identifiés ne sont que de simples points d’eau utilisés autrefois pour rincer le linge et seul le Pisserot de Fenouille est resté pratiquement dans son état d’origine.

Implantation des lavoirs a changyQuelques lieux d'implantation de lavoirs sur la commune

Les Lavoirs utilisant une simple pierre plate ou une planche à laver

La Varenne

Au village de La Varenne sur les bords de la Teyssonne se trouvait un emplacement où l’on venait rincer le linge.

L’un de nous a appris par son oncle que sa grand-mère allait rincer le linge à cet endroit ou il y avait une planche. Il se souvient qu'elle descendait le linge avec la brouette. Nos anciens appelaient le battoir à linge batillon où « batou ».

Mariolles

Aux Mariolles, à la hauteur du moulin (ancien étang) appelé (barrage le Béal) se situait aussi un point d’eau où l’on venait rincer le linge.

Les Merles

Aux Merles, une pierre plate sur le bord d’un étang, toujours visible de nos jours, servait de point d’eau pour rincer le linge. Une ancienne femme de notre village se souvient que sa mère allait à Merle pour laver son linge.

Etang de merle

Le Pisserot de Fenouille

Le lavoir appelé le Pisserot, a été créé au moment de la construction de la ligne de chemin de fer dans les années 1856, 1857. En effet la ligne ayant perturbé les circuits d’eau du village de Fenouille, plusieurs sources permettant aux habitants de vivre se sont trouvées sans écoulement efficace. Il a été décidé de rassembler ces flux sur un seul point en créant un lavoir avec trop plein s’évacuant sur les fossés de la voie. Sa forme ovale lui donne un certain charme. Jusque dans les années 1953 1954 les lavandières du hameau venaient laver leur linge ce qui leur permettait de discuter de choses et d’autres et peut être de dire du mal de leurs maris, ce qui un jour a entraîné une dispute un peu plus violente que les autres et le « bâtou » est arrivé sur le visage de la commère.

Pisserot de fenouille

Les Lavoirs construits

Le Lavoir de Rébrun

Si les lavandières utilisaient depuis longtemps un trou d’eau suffisamment profond pour laver leur linge, le bâtiment n’a été construit qu’en 1951. À partir de cette époque, l’adduction d’eau dans le village et dans les hameaux commençait à être installée. Ce lavoir, comme les autres à donc été progressivement abandonné, il a pourtant été rénové, on y accède par le chemin désigné par « impasse du lavoir ».

Lavoir de re brun

 

Le Lavoir du Château

Il s’agit d’un lavoir privé inutilisé depuis longtemps dont nous avons recueillis peu d’informations et dont nous ignorons sa date de création. Il est situé sur le domaine du Château, au bord de la Teyssonne en aval du pont de chemin de fer du moulin. Bien qu’en état de délabrement, il reste toutefois dans un meilleur état que le lavoir public de Changy. On peut encore y voir la toiture, la porte d’accès, une plateforme de quai apparemment en bois afin que les lieux soient aisés à nettoyer et un chaudron utilisé pour faire bouillir l’eau.

Lavoir du cha teau

 

Le lavoir public de Changy

Rappelons l’historique de ce lavoir, déjà mentionné dans l’article précédent.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la commune de Changy s’est munie d’un lavoir municipal. À l’époque, il eu une importante fonction sociale en réunissant la famille agrandie, celle du village. Il est situé sur la départementale D8 menant à Ambierle, au bord de la Teyssonne, à proximité de la station dépuration.

La construction de ce lavoir fait suite à une offre de parcelle faite par M. le Marquis de Lévis à la Mairie et ce avec quelques obligations: La superficie du terrain est de 8 ares, et la surface est un triangle dont le coté le long de la rivière Teyssonne mesure 54 mètres. La commune s’engage à faire construire un lavoir «pour abriter les laveuses» et pas autre chose. Le 7 décembre 1862, la municipalité délibère et accepte le don avec ses contraintes.

La décision de construire le lavoir fait suite à l’offre de Mlle Petit Picolière

Le 14 juin 1874, le maire Gontier  présente le plan et le devis d’un « lavoir public que Mlle Joséphine Petit Picolière offre de construire à ses frais en faveur de la commune sur la rivière Teyssonne et sur un terrain communal ». Le Conseil accepte la proposition de cette construction « si utile qui préservera la santé et la vie de bien des mères de famille ». Le conseil autorise donc Mlle Petit à bâtir en ce lieu et accorde à sa demande « l’usage exclusif du lavoir quatre ou cinq jours par année, durant sa vie et celle de son frère »

Lavoir public de changy

 

Les photographies précédentes, prise il y a quelques années, nous montre l’entrée du lavoir. Il est envahi par le lierre, mais on distingue encore l’écriteau « LAVOIR PUBLIC » au dessus de la porte.

De nos jours, il ne reste plus grand-chose : les murs !

Nous ignorons quand la toiture s’est effondrée, mais les débris ont été évacués et l’intérieur se trouve complètement dénudé : il ne reste plus aucun équipement utilisé pour laver le linge, pas de banc de lavoir servant d’étagère pour poser le linge propre et les effets des laveuses, pas d’étendoir sur lesquelles le linge était mis à égoutter, plus de cuvier. La nature a repris possession du sol, le dallage ou pavage facilitant le nettoyage des lieux a disparu, remplacé par des arbres. Nous apercevons à peine un « quai » en granit, blocs de pierre basse inclinée vers l’eau bordant le cours d’eau jouant le rôle de pierre à laver. Aujourd’hui, la Teyssonne n’atteint plus cette pierre

Certes, ce lavoir appartient à l’Histoire de notre village, mais peut-on dire qu’il fait partie de notre Patrimoine ?

Épilogue

Cet inventaire des « lavoirs » de notre commune n’est pas exhaustif. À une époque où nos villageois ne disposaient pas d’un réseau d’adduction d’eau potable, de nombreux points d’eau jouaient le rôle de lavoir. Sur la Teyssonne, par exemple, il est certain que les habitants de Véron et de Fenouille se rendaient sur les bords de cette rivière vers le moulin pour rincer leur linge. Sur la rivière d’Arson nous n’avons pas encore identifié ces lieux.

Peut-être en connaissez-vous d’autres qui pourraient alimenter nos archives. N’hésitez pas à nous communiquer ces informations.

                                                                                                  Le Collectif Histoire & Patrimoine de Changy

                                                                                        (Bernard N - René D - Alain B - Christian S - Dominique T)